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EXPOSITION "PORTO, LA CITÉ INVAINCUE"
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EXPOSITION "PORTO, LA CITÉ INVAINCUE"
Le collectif Vertige investit le couloir de Ciné32 à l'initiative de l'association Bruits d'Couloir.
C'est cette ville située au nord d'un pays d'Europe du sud, le Portugal, que le Collectif VERTIGE a décidé d'explorer et de photographier, accompagné, dans ce voyage, par l’artiste Karine Sancerry et ses gravures minimalistes. "Invaincue". De quoi faire peur, pour qui décide de conquérir, de cerner, de prendre et d'occuper : un projet diamétralement opposé au nôtre qui est, depuis son commencement, de voir et de comprendre, de parcourir et de faire avec, au sens le plus noble du terme : fabriquer, composer, brosser un portrait par principe inachevé. C'est dire si cette invincibilité légendaire convient parfaitement à notre démarche artistique : mise à distance, imprévisibilité et subjectivité, élaboration patiente mais improvisée qui laisse place à l'inattendu des scènes de vie comme à la surprise des architectures et des lumières qui leur donnent formes et sens.
La chose pouvait être simple : un fleuve - le Douro - des ponts qui le traversent et paraphent, par leur majesté et leur rigueur conceptuelle, le discours établi faisant de cette ville une travailleuse acharnée, négociante et commerciale, en bout de continent et en bord d'océan. Peut-être, mais le cliché facile méritait qu'on le retourne, et qu'on y cherche, à la faveur d'une clarté singulière, la trame cachée, la fibre invisible : une discrétion qui confine parfois au mystère, une sorte de trompe l'œil pour un territoire qui, si proche de l'océan et de ses aventures glorieuses, a pourtant fait le choix de la terre profonde, de ce socle puissant et dur où pullulent les vignes qui ont toujours fait sa réputation.
Un tel paradoxe ne peut qu'interroger et surprendre ; l'artiste y découvre là sa matière à confectionner une œuvre personnelle, de celle qui tient à bonne distance une réalité convenue et facile ; et l'intuition associe ainsi à sa guise tous les signes qu'elle trouve sur son chemin : des figures multiples et comme étonnées d'être présentes au monde, légères ou graves dans le clair-obscur des ruelles, lisses ou marquées par la vie difficile et abrupte comme les rives du fleuve généreux ; des figures sculptées par cette lumière coupante et contrastée, idéale pour des objectifs en quête de surgissement. Et c'est ce que l'on trouvera dans ces images : des façades sérieuses et des fenêtres aux reflets ambigus, des demeures pleines de réserve et des ponts aux géométries photogéniques, un port qui n'en est presque pas un, un décor, et des êtres qui ont bien voulu surgir devant nous, se présenter tels quels, dans leur simplicité et leur affirmation d'Européens d'aujourd'hui.
À nous, maintenant de vous les présenter une seconde fois. D'où ce terme, bien venu, de représentation : des images en noir et blanc, au format 4/3 pour une narration plus concise et précise ; du gris et du contraste pour dire ces subtilités enfouies, ces discrétions qui façonnent. Une traversée de Porto, le long d'un fleuve où se reflètent le temps présent de la modernité vibrante autant que des fragments encore émergés de ce passé laborieux et poétique si cher au cœur des portuans. Miracle de la photographie que de pouvoir capter cela : autre chose que le réel cru. L'invaincue méritait bien cela.
Jean-Luc Aribaud